La fonte de Yamagata est produite dans la ville éponyme, préfecture de Yamagata depuis le VIIIème siècle.
Longtemps réputées pour la production variée de montures de sabre, décorations, statues bouddhistes… la production s’est concentrée au fil du temps sur les objets d’usage du quotidien avec deux spécialités : les bouilloires en fer et les pots en fer utilisés dans la cérémonie du thé : les chagama.
La production de bouilloires chagama de Yamagata
La production de chagama de Yamagata détient la plus grande part de marché des bouilloires pour la cérémonie du thé au Japon, car elles sont très appréciées pour leur conception et leur mode de production.
Les artisans utilisent des techniques traditionnelles séculaires pour créer des objets délicats et très solides pour un usage au quotidien.
Les chagama de Yamagama sont notamment reconnues pour leur surface décorées soit par la présence de motifs pressés soit par une texture du métal « sablée ».
Précisons aussi que Yamagata est réputée pour la fabrication de pièces moulées dédiées à l’industrie (équipements agricoles, pièces de machines, pièces automobiles…), ce qui en fait une région très active et centrale dans l’économie du pays.
Une fonte japonaise traditionnelle
On pense que l’origine de la fonte de Yamagata remonte à la fin de la période Heian (794-1185) lorsque le seigneur de guerre Minamoto no Yoriyoshi a été impliqué dans une campagne militaire pour réprimer les soulèvements dans la région de Yamagata.
Les fondeurs de métal qui ont fait partie de son entourage militaire ont découvert que le sable de la rivière Mamigasaki (située dans l’actuelle ville de Yamagata) ainsi que la qualité du sol de la région environnante étaient parfaits pour la fabrication de moules de fonderie. L’activité de production fut alors lancée avec une vraie reconnaissance durant l’ère Nanboku-chô (1332-1390) durant laquelle les artisans fabriquairent notamment des montures de sabres (menuki…) fortement appréciées par les samouraïs partant au combat (n.b. cette période fut marquée par une guerre civile entre les partisans de l’empereur Go Daigo dirigeant la cour du Sud basée à Yoshino et les partisans de l’empereur Komyo de la Cour du Nord établie à Kyoto).
Par la suite, au cours de l’ère Edo (1603-1868), période de paix, l’industrie et le commerce de la fonte commencèrent à se développer notamment sous l’impulsion de Yoshiaki Mogami, le seigneur du château de Yamagata.
Celui-ci s’attela à développer le commerce et l’industrie de la région en établissant deux villes manufacturières au nord de la rivière Mamigasaki. Là furent fabriqués essentiellement des objets d’usage du quotidien et des statues bouddhistes qui ont été produits pour répondre à la demande de souvenirs des pèlerins visitant le Dewa Sanzan, site religieux dit des « trois montagnes ».
Yamagata gagna ainsi en popularité dans tout le pays et devint un centre de production d’objets en fer.
La popularité des artisans ne fit que de se développer surtout avec la mise au point de techniques de fonte avancées notamment pour la fabrication de gros objets tels que des cloches de temple ou des lanternes de jardin.
Au début du XXème siècle (période Taisho – 1912-1926), la production de composants de machines se développa et pris place aux côtés de la fonte artisanale traditionnelle. En 1973, un complexe industriel appelé Imono Town a été créé à l’ouest de la ville et est encore en activité aujourd’hui.
Les étapes de fabrication d’une bouilloire de Yamagata
- Fabrication de moules
Tout d’abord, une image de l’objet fini, comme une bouilloire en fer, est dessinée sur une feuille de papier et un modèle grandeur nature est fabriqué à partir de bois, de résine ou de plâtre. La précision du modèle est essentielle pour assurer la qualité de la pièce finie. À l’aide du modèle, des moules supérieur et inférieur sont fabriqués à l’intérieur d’un cadre rond. Le modèle est tourné pour comprimer le sable et compléter les moules. L’utilisation de sable et d’argile de Yamagata ajoute une texture distinctive et délicate à la surface. - Incription de motifs et pose des poignées
Un espace pour passer une main dans la boucle de la poignée est réalisé et incrusté dans le moule. Ensuite, un outil en forme de spatule appelé ezue est utilisé pour dessiner des motifs notamment ceux à texture bosselée appelée arare (tempête de grêle). - Le nakago
Pour créer le « creux » de la bouilloire, celle-ci est remplie de sable tout en gardant un léger espace avec le moule (cf. la vidéo ci-dessus) qui permettra de créer ainsi l’épaisseur de métal de la bouilloire. - Le métal en fusion
Le métal en fusion chauffé au rouge à environ 1300 à 1500℃ est transféré dans un petit creuset, à partir duquel le métal est versé immédiatement dans le moule. Il est important de s’assurer que la température du métal ne baisse pas car cela affectera la qualité du produit fini, donc même les artisans hautement qualifiés avec des années d’expérience sont très prudents lors de cette étape. - Le moule et le sable
Une dizaine de minutes après la coulée du métal, un marteau est utilisé pour casser le moule et sortir la bouilloire. Si la température de la bouilloire est trop basse, il est difficile de la retirer du moule en douceur, les artisans doivent donc travailler rapidement avant qu’elle ne refroidisse trop. Une fois que la bouilloire a refroidi, elle est frappée avec un marteau pour enlever toutes les pièces inutiles restantes ou les restes de sable sur la surface. - Coloration
Une brosse spéciale est utilisée pour appliquer uniformément des couches répétées de laque pendant que la pièce cuit au feu. Pour les produits colorés, un liquide permettant de noircir la surface, est composé de fer, de rouille et de théce qui permet de donner une certaine patine à la pièce.
De cette façon, les techniques et les compétences transmises de génération en génération par les artisans créent des textures distinctives, belles et délicates qui sont uniques à la fonte Yamagata.