Le mingei et le kōgei sont deux mouvements artistiques importants dans l’art japonais, mais ils diffèrent considérablement en termes de thèmes, d’objectifs et de techniques.
Le mingei
Le mouvement Mingei 民芸, qui signifie « art populaire », a été fondé au début du XXe siècle par l’artiste et collecteur japonais Yanagi Sōetsu (1889-1961) avec un souhait : donner toutes ses lettres de noblesse à l’art dit populaire, l’art traditionnel fait à la main créé pour une utilisation quotidienne.
Les objets Mingei comprennent des textiles, des poteries, des meubles, des jouets et d’autres objets utilitaires. Les artistes Mingei cherchent à capturer la beauté simple et la fonctionnalité dans leurs créations, souvent en utilisant des techniques traditionnelles et en incorporant des motifs et des formes traditionnels.
Le kōgei
Le kōgei 工芸, ou « artisanat », se concentre également sur les objets utilitaires, mais se concentre plus sur les techniques et la maîtrise de la main pour créer des objets d’une qualité exceptionnelle.
Les artistes visent à démontrer leur maîtrise technique et leur créativité en travaillant sur des projets à l’apparence simple (par exemple : les vases tressés en bambou) ou des projets plus complexes nécessitant un savoir faire poussé (par exemple : objets mêlant laquage et incrustations d’émaux).
Selon la définition officielle, l’artisanat kōgei est classé en huit catégories, telles que la poterie, les textiles, la laque, les métaux, les poupées, le bambou et le bois, le papier et autres. Ces catégories sont ensuite subdivisées en sous-catégories plus spécifiques avec deux axes de conduite : la qualité des matériaux et la subtilité des détails rendus possibles par une parfaite maîtrise des techniques artisanales.
Ce mouvement kōgei est soutenu par l’association japonaise éponyme (et notre association kōgei française) et ses nombreuses variations sont reconnues et protégées par le gouvernement, d’ailleurs certains artisans sont perçus comme Trésors nationaux vivants du Japon, et certains artisanats ont également le statut de Meibutsu 名物 (objets fameux), permettant de mettre à l’honneur les spécialités régionales (ndlr. que nous essayons de vous présenter dans Kogei Magazine).
Deux mouvements de l’art japonais très proches
Le limite entre le mingei et le kōgei est très fine car ces deux mouvements partagent une préoccupation pour les objets utilitaires, mais ils diffèrent en termes d’objectifs et d’approches.
Le mingei peut être assimilé à ce que nous considérons en occident comme l’art populaire et c’est comme cela que les japonais le perçoivent aussi (n.b. d’ailleurs le terme même de mingei comprend 民min/tami : le peuple). Ce mouvement met l’accent sur la simplicité des formes, le caractères « brut » et naturel des matériaux, tandis que le kōgei, perçu comme l’artisanat d’art (n.b. le terme kōgei comprend 工 kô : l’artisant) peut se rapprocher – dans les valeurs – du mouvement Arts & Crafts du début du siècle en étant plus axé sur la création de nouvelles formes et de nouveaux designs autour des matériaux.
En résumé, le mouvement Mingei célèbre l’art traditionnel fait à la main pour une utilisation quotidienne, tandis que le mouvement kōgei se concentre sur la création d’objets d’une qualité exceptionnelle en utilisant des techniques complexes. Les deux mouvements sont importants pour comprendre l’art japonais et les traditions artisanales, mais ils diffèrent considérablement en termes de thèmes, d’objectifs et de techniques.
Pour en savoir plus, voici quelques ouvrages à lire :
- « Japanese Folk Crafts: Mingei » de Sōetsu Yanagi.
Ce livre par l’un des fondateurs du mouvement Mingei examine l’importance de l’art populaire japonais et ses racines traditionnelles. - « The Beauty of Shoji and the Arts of Japan: Mingei » de Warren R. Ross.
Ce livre explore l’art populaire japonais et les techniques de production utilisées pour créer des objets Mingei. - « Contemporary Japanese Crafts: Object, Environment, and Everyday Life » de Michiko Takeuchi.
Cet ouvrage examine les tendances actuelles dans les arts et les artisanats japonais, y compris le mouvement kōgei. - « Japanese Crafts: A Complete Guide » de Giles Castleden.
Ce livre examine l’histoire et les techniques de nombreux types d’arts et d’artisanats japonais. - « The Beauty of Everyday Things » de Sōetsu Yanagi.
L’ouvrage de référence pour comprendre l’approche du maître du mingei.
Pour l’organisation de conférence sur ces deux mouvements, n’hésitez pas à contacter l’association Kogei